Apollo de Mélanie Richoz : devenir mère
Paru chez Slatkine en mai 2020 116 pages |
Je dois ma découverte de Mélanie Richoz à ma chère Sabine grâce à qui j'avais ouvert l'an dernier Le bus puis cette année ce superbe et tendre recueil qu'est Apollo. À mettre entre les mains de toutes les (futures) mères.
Il est niché tout au creux de moi pour quelques mois encore. Se manifeste par petits coups. Boum, Boum. Prend sa place, de plus en plus de place. Et je vois ce corps s'arrondir. Avec parfois des hauts, des bas, des mal-dans-mon-corps, je-ressemble-à-rien-là-dedans. Je préférerai vivre nue je crois. Mais je le laisse s'installer, à sa guise.
Il est niché tout au creux de moi, on s'apprivoise, on s'effleure à travers la peau tendue de mon ventre et j'ouvre le livre de Mélanie Richoz. Reçu alors que j'apprenais l'existence de cette vie en mon centre.
Inévitablement je suis bouleversée. Je ne sais pas encore ce qu'est être mère. J'ignore tout. Et pourtant, les mots tendres, protecteurs, intimes de Mélanie Richoz ont immédiatement fait écho. Perspective des futurs ressentis, futures émotions, profusions. Des mots simples qui suffisent pour dire le bouleversement d'une nouvelle vie, à trois. La transformation de femme à mère, de mère à femme, amante, la transformation du corps, du lait qui coule, abondance d'amour. Pour dire les doutes et les angoisses. Les nuits sans sommeil, les éclats de joie, les premières séparations, le désir pour un homme. Son homme. Ce père.
Apollo, comme un long poème, une longue lettre à son fils. Pour ne pas oublier ou peut-être pour lui transmettre un jour. Comme un don de soi. La preuve d'un amour, son amour, plus grand que tout. Une preuve en mot et en images avec les illustrations de Kotimi, des traits doux, épurés, que l'on pourrait croire venir de la main d'un enfant. Des illustrations qui donnent une dimension encore plus forte à ces textes, ces ressentis. Donnent chair et corps à des mots qui partagent la vie, l'espoir, la force.
“ Sur la terrasse du café,un oiseau piaille,toutes les deux secondes,comme pour me signalerque,sans toi,le temps s'écoule deux foisplus long,que,sans toi,le temps est deux foisplus plein...Plein de toiet plein de ton absenceComment vais-je tenirjusqu'à ce soir sans toi, mon petit garçon ? ”
Apollo, comme une transmission. Intime, pudique et généreuse.Tendrement et délicatement murmurée. Et que sans aucun doute, je murmurerai à mon tour, dans quelques mois, le soir à mon fils. Dans le creux de son cou.
Pour lire la chronique de Sabine c'est par ici
Commentaires
Enregistrer un commentaire