Le liseur du 6h27- Jean-Paul Didierlaurent
Le Liseur du 6h27
est le premier roman de Jean-Paul Didierlaurent, lauréat à deux reprises du
fameux Prix Hemingway.
Le personnage, Guylain Vignolles, vit avec pour seul
compagnon son poisson rouge Rouget de Lisle. Il mène une vie triste, monotone et
est désabusé de son travail car Guylain travaille pour le Mange-Tout du papier, enfin le pilon des livres invendus quoi !
On ne le dit pas assez mais chaque année environ 500
millions de livres finissent au pilon. Même si mon côté écolo me rappelle que
ces belles pages finissent en papier recyclé, quel gâchis ! Bref, on s’éloigne du sujet là. Alors vilain guignol (vous
reconnaîtrez la contrepèterie) sauve quelques pauvres pages journalières
rescapées de la vorace Zerstor 500 et apporte ainsi aux passagers du train de
6h27 quelques minutes de rêverie en leur faisant la lecture à haute voix.
Son aventure de conteur sur rail
va faire basculer sa vie grise et morose. Grâce à la rencontre de deux petites
mamies rescapées d’une maison de retraite, il va s’improviser lecteur du club
du troisième âge. En parallèle, il va découvrir dans le RER une clè USB contenant
le journal intime d’une jeune femme qui va changer sa vie. Mais je m’arrête là
pour ne pas vous dévoiler le contenu entier du livre.
Le moins que l’on puisse dire
avec cette lecture, c’est que l’on baigne dans l’univers du livre! Le pilon est
un thème peu souvent évoqué alors que c’est une industrie qui génère
(malheureusement !) beaucoup d’argent. L’idée de faire revivre des
fragments de romans voués aux oubliettes est bien trouvée. Loin d’être une
activité solitaire, l’auteur démontre que la lecture crée du lien social et
rassemble. A partir de quelques lignes, on invente et réinvente une histoire. On
retrouve aussi dans l’écriture de Didierlaurent un style zolien : il
décrit la Zestor et l’entreprise du pilonnage à la manière de la bête humaine.
Le personnage d’Yvon aligne les alexandrins tels Charles Baudelaire dans les fleurs du Mal. Un brin humoristique, un
brin mélancolique, l’écriture est facile et charmante. C'est un livre-plaisir à ne pas laisser sur la PAL!
"Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de
lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même
application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant
ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l'étouffait à
l'approche de l'usine."
**Lectures complémentaires**
Pour rester dans l’univers du livre, je vous invite à
découvrir quelques lectures complémentaires.
A bien des égards, le
liseur du 6h27 m’a rappelé le pilon
de Paul Desalmand, l’histoire d’un livre personnifié qui rencontre des lecteurs
et discute avec d'autres livres dans les bibliothèques. J’ai également repensé
aux livres d’Alberto Manguel et
notamment la bibliothèque, la nuit. Le
dernier livre de Pef intitulé petit éloge
de la lecture est un régal pour les amoureux de la lecture. Dans un registre plus sombre, on peut
également lire le liseur de Bernhard
Schlink.
**En écoutant et en buvant**
Take the « A » train de Duke Ellington
Theme from
the eternal sunshine of the spotless mind de Jon Brion
Le tout accompagné
d’un savoureux Klevener de Heiligenstein
©Emy
Bofbof pour ma part, se lit très vite, mais sans grand intérêt à mes yeux ; à part le fait que j'avais envie de sauver tous ces petits livres de la destruction, j'aurais pu leurs faire un peu de place chez moi ! ;) =D
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