Les putes voilées n’iront jamais au paradis ! de Chahdortt Djavann : un récit coup de poing à lire d’urgence



Lorsque j’ai eu connaissance de la publication de ce livre, je l’ai inscrit en haut de ma whish-list, le titre si tapageur m’avait tout de suite happé et la quatrième de couverture et les interviews de l’auteure n’avaient fait que renforcer mon intérêt. 


4ème de couverture

Ce roman vrai, puissant à couper le souffle, fait alterner le destin parallèle de deux gamines extraordinairement belles, séparées à l’âge de douze ans, et les témoignages d’outre-tombe de prostituées assassinées, pendues, lapidées en Iran.
Leurs voix authentiques, parfois crues et teintées d’humour noir, surprennent, choquent, bousculent préjugés et émotions, bouleversent. Ces femmes sont si vivantes qu’elles resteront à jamais dans notre mémoire. 
À travers ce voyage au bout de l’enfer des mollahs, on comprend le non-dit de la folie islamiste : la haine de la chair, du corps féminin et du plaisir. L’obsession mâle de la sexualité et la tartufferie de ceux qui célèbrent la mort en criant « Allah Akbar ! » pour mieux lui imputer leurs crimes.
Ici, la frontière entre la réalité et la fiction est aussi fine qu’un cheveu de femme.


Mon avis

Ou plutôt coup de poing

«Vous voulez connaître une société ? Faites parler ses prostituées ! »


J'ai littéralement été prise aux tripes par ce roman-documentaire, j’en ressors avec le cœur serré tant ce livre est puissant et la réalité tout simplement écœurante.

Chahdortt Djavann est une romancière et essayistes d’origine Iranienne qui trouve refuge à Paris dès 1993. Elle a été condamnée et tabassée à l’âge de treize ans pour avoir manifesté contre le régime en place. Elle est même forcée de porter le voile et de cesser d’étudier la littérature française pour ne se consacrer qu’à l’étude du coran.

Le moins que l’on puisse dire c’est que l'auteure est une femme engagée et déterminée. Elle se bat pour dénoncer l’intégrisme religieux et l’idéologie islamiste. Et elle nous le prouve avec ce nouvel ouvrage.

Il est question dans cet essai-roman de mettre en lumière la condition de la femme en Iran, l’absence de libertés et de droits pour la femme dans un pays où l’homme est au pouvoir et où la femme doit juste fermer sa gueule (pardon pour cette vulgarité) et obéir à l’homme tout puissant.

« Dans la ville aux mille visages, la nuit, d'abord gris rose, puis noire, tombe toujours à l'heure, parfois en avance, empressée qu'elle est d'accueillir les putes dont la noirceur du tchador se confond avec la sienne.»

Chahdortt Djavann nous prévient très rapidement, c’est un roman oui mais les faits sont réels, les meurtres de ces prostituées ont bien eu lieu, l’absence de droits et la folie des mollahs sont aussi présentes qu’elles sont révoltantes.
Ces hommes croyants, bons musulmans, puissants qui condamnent à mort la prostitution mais assouvissent leurs pulsions et désirs sexuels auprès de ces femmes, et qui sont à la tête de réseaux de prostitution : cette œuvre n’est ni plus ni moins qu’une critique ouverte de l’hypocrisie des hommes et de la religion. C’est la mise en exergue d’une misère humaine, d’une intolérance religieuse et d’une discrimination sexuelle.

« La nuit, la souillure humide, la souillure d'entre-jambes plane sur la sainte ville et l'odeur des queues éjaculant et des cons accueillants remplit dès l'aube les narines des croyants pratiquants. »

L’auteure fait parler les morts pour faire tomber les barrières et les préjugés sur la prostitution. En parallèle, elle met en scène deux jeunes et magnifiques enfants Zahra et Soudabeh qui vont voir leurs destins basculés du côté obscur, du côté de l’inhumanité.

L’écriture est crue, violente, sans langue de bois. Âme sensible à la vulgarité s’abstenir car Chahdortt Djavann ne prend pas de gants mais c’est tant mieux, c’est ce qu’il fallait à ce livre pour ajouter de la force au récit. C’est un livre dérangeant mais essentiel pour prendre conscience de ce qui se passe au XXIe siècle dans notre monde, au nom d’une religion, au nom d’une dignité bafouée car être pute c’est n’avoir aucune dignité parait-il … Accrochez-vous car Chahdortt Djavann bouscule tout ça !

Et si je devais aller plus loin, je dirai que cet ouvrage ne gênera probablement pas que le monde musulman, que le Moyen-Orient, il gênera probablement aussi notre société française qui a vécu il y a quelques temps les nombreuses manifestations liées au monde la prostitution, ce plus vieux métier du monde…

En conclusion, procurez-vous d’urgence Les putes voilées n’iront jamais au paradis !




Un livre lu dans le cadre de "Lire le monde", groupe proposant des lectures variées et communes sur des auteurs venus du monde entier. De quoi faire de belles découvertes !
Ici la thématique était l'Iran et Chahdortt Djavann. 

Si vous êtes tenté(e)s je vous invite à visiter le site et rejoindre la page Facebook du groupe.


Commentaires

  1. cela fait frémir ...peut être un livre trop dur pour moi...mais à lire ...

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    1. Je te confirme c'est un livre dur il faut avoir le cœur bien accroché. J'ai parfois eu l'impression d'être dans de la pure fiction et pourtant me revenait sans cesse à l'esprit "ces femmes sont vraiment mortes le tchador autour du cou..."

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  2. Belle chronique. Une lecture choc et essentielle pour moi aussi

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  3. Et bien, ton enthousiasme fait très envie. Pour la LC j'ai lu Big Daddy, sans grand rapport avec les écrits habituels de l'auteur. Je me suis aussi procuré "Je viens d'ailleurs", et du coup, je note également ce titre..

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    1. Big Daddy est également dans la liste de mes prochains achats. Tout comme toi j'ai très envie de découvrir plus en détails cette auteure ô combien engagee. Affaire à suivre :)

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  4. Un livre que je n'avais jamais entendu parle mais qui a l'air juste sublime je rajoute a la wl

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