Quelqu'un en vue d'Inès Benaroya : du mystère à la quête de liberté

Inès Benaroya
Quelqu'un en vue paru aux éditions Flammarion - 318 pages

C’est en voyant le post de Tatiana de Rosnay sur Instagram que je me suis intéressée de plus près à ce roman. Puis j’ai commencé à voir fleurir d’autres publications et là je me suis dit qu’il fallait vraiment que je me le procure. Alors pour tout vous dire, en allant choisir les cadeaux d’anniversaire pour la nièce de mon homme (des livres tiens donc !) je n’ai pas pu résister à l’envie de m’arrêter au rayon littérature, adulte cette fois, et d’acheter cette jolie découverte !


En quelques mots
Vincent est un homme tout juste sorti de prison et en conditionnelle, la vie lui offre une seconde chance. C’est en tout cas ce qu’on lui dit mais, lui, le voit d’un autre œil. Détruit pas son passé et ses années en cellule, il ne connaît, ne reconnaît plus rien de la vie extérieure. Méfiant de tout et de tous, les idées qui pourraient le faire replonger ne manquent pas de germer dans son esprit.
Installé dans un petit studio de la banlieue parisienne, son rituel va vite devenir celui d’épier ce qu’il se passe chez les voisins. Il va même en devenir addict, comme une nécessité, un appel plus fort que la raison. Sa charmante petite bourge de voisine n’avait qu’à mettre des rideaux aux fenêtres.
Et voilà que l’on rencontre Valériane, la voisine en question. Mère de deux enfants, femme d’un mari qui réussit sa carrière bref un couple d'apparence parfait. Et pourtant, Valériane vit avec un passé qui la pèse et une vie bien rangée qui ne lui convient pas.
Et si un soir elle aussi regardait par la fenêtre ?





Je suis ressortie de cette lecture troublée, troublée dans le bon sens du terme mais avec des sentiments très partagés pour caractériser ce roman. En effet, l'auteure nous offre un récit tout en finesse et cru à la fois. Le style est clair, les tournures recherchées et pourtant les mots sont parfois durs, comme-ci Inès Benaroya cherchait à rendre le style tout aussi mystérieux que l’histoire. C’est réellement fascinant !

Construit en miroir et en trois parties, Inès Benaroya nous dépeint la vision des deux personnages avec énormément de justesse pour confronter le lecteur aux malaises, au mal-être et aux craintes de Vincent et Valériane. Un roman dans lequel tout n’est pas dévoilé, la part de mystère à toute sa place quant à la condamnation de Vincent ou encore l’enfance de Valériane. Un trouble semé comme des non-dits parce que chaque être humain à sa part d’ombre, chacun à son jardin qu’il vaut parfois peut-être mieux garder secret. 

« Ses pensées culminent dans une idée abjecte alors qu’elle coupe les légumes comme un bourreau trancherait une tête, une vérité qui décuple le poids de la culpabilité en gestation depuis ses douze ans et la condamne pour l’éternité. »

C’est cet aspect que l’auteure injecte dès les premières pages que j’ai beaucoup aimé. Ces zones d’ombres subtiles et envoûtantes laissées au tableau ne rajoutent que plus d’intérêt à la lecture. C'est peut-être sa conception de la liberté d'imagination : imaginer ce que l’on souhaite si l’on en a envie. 
Par ailleurs, la liberté est un thème présent tout au long du roman puisqu’il est le moteur (en panne) des deux personnages, l’un est enfin libre mais enfermé dans une idée de conspiration constante, l’autre est emprisonnée dans sa vie de bonne épouse et de bonne mère.   

C’est avec un sourire aux lèvres que j’ai refermé la dernière page de ce roman, une fin en « happy-end » sans être gnangnan et qui laisse encore planer le doute quant à la suite. Inès Benaroya, que je ne connaissais pas avant cela, signe un second roman à la hauteur des éloges reçus. 

Le seul petit bémol que je pourrais relever serait le démarrage un peu long à travers la mise en condition du lecteur via la vie de Vincent. Mais peut-être étais-je trop pressée de voir arriver les rebondissements.



Une lecture accompagnée …
D’un St Nicolas de Bourgueil au nez intense mais souple en bouche

D’une playlist laissant planer le trouble et l’émotion : 
A écouter et réecouter sans jamais se lasser : Agnès Obel avec une préférence pour son album Philharmonics (mais Aventine est superbe également)
Obstacles de Syd Matters
Portishead qui ont sorti des petits bijoux musicaux tel que Roads ou le très célèbre Glory Box
Cascadeur avec Meaning
The XX avec les titres Angels et Infinity 


© Amandine

Commentaires

  1. Très belle chronique qui donne envie de lire enfin ce livre qui est dans ma PAL.

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    1. J'espère qu'il te plaira tout autant qu'il m'a plu, tu me diras :-)

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  2. Très belle chronique et de très bons goûts musicaux ! Je viens aussi de terminer ce roman psychologique très envoûtant, voici le lien vers ma chronique sur mon blog "Voyager avec les livres" :
    http://voyageravecleslivres.blogspot.fr/

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    1. Merci Carole :-) je te retourne le compliment ta chronique est top et complémentaire je trouve :-)

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